La crise immobilière actuelle a considérablement durci l’accès à la propriété en France, notamment pour les primo-accédants. Les conditions économiques et les politiques financières ont créé un environnement où acheter un bien immobilier devient un défi de taille pour les jeunes et les ménages modestes.
Dans une analyse récente de l’INSEE (2024), Jérôme Fabre et Benoît Riem soulignent que l’augmentation des taux d’intérêt et les exigences accrues en matière d’apport initial rendent l’achat immobilier de plus en plus difficile. Le taux moyen des crédits immobiliers, qui était de 1,12 % début 2022, a grimpé à 3,17 % en 2023. Cette hausse a pour conséquence l’augmentation de la durée des crédits, ce qui pèse lourdement sur le budget des primo-accédants.
De plus, les foyers modestes sont les plus touchés par cette situation. Depuis 2020, la part des primo-accédants à faibles revenus a chuté de 9 points, tombant à seulement 18 % en 2023. Ce phénomène est exacerbé par une hausse continue du prix des matières premières, qui affecte le secteur de la construction neuve. En conséquence, la mise en chantier ralentit, ce qui limite encore plus les possibilités d’achat.
Christophe Bys, économiste, met en lumière la crise du logement et son impact sur l’accessibilité à la propriété dans les grandes métropoles. Les propriétaires d’anciens biens immobiliers ont un avantage net sur les primo-accédants, surtout dans les zones urbaines très tendues. Les durées d’emprunt se sont allongées, et l’exigence d’un apport initial a renforcé les inégalités. Aujourd’hui, les cadres représentent une part de plus en plus importante des nouveaux propriétaires, passant de 27 % avant la hausse des prix immobiliers à 43 % après.
Pour les primo-accédants, la situation est encore plus complexe : ces derniers sont de plus en plus dépendants des prêts aidés (PTZ, Prêt à l’Accession Sociale) ou des transmissions intergénérationnelles pour accéder à la propriété. Sans ces aides, leur accès au marché immobilier devient pratiquement impossible.
Cette crise immobilière a des répercussions durables sur le secteur de la construction et sur l’ensemble de l’économie. Moins de primo-accédants signifie une baisse des transactions immobilières et un manque à gagner pour les finances publiques. Les jeunes, souvent en début de carrière, sont contraints de se tourner vers la location, créant ainsi un « cercle vicieux » où l’accessibilité au logement devient de plus en plus difficile.
Dans un contexte où les prix continuent de croître et où les taux d’intérêt restent élevés, les primo-accédants doivent faire face à des obstacles considérables. Toutefois, des mesures politiques visant à soutenir les ménages modestes, à relancer la construction neuve et à faciliter l’accès au crédit peuvent permettre de redynamiser le marché immobilier et de rendre l’achat immobilier plus accessible.
Face à cette crise, plusieurs solutions sont envisagées pour atténuer les obstacles à l’accession à la propriété. Les économistes et les experts de l’immobilier appellent à des politiques de soutien pour les primo-accédants, notamment par le biais d’aides financières supplémentaires et de l’augmentation de l’offre de logements. De plus, une relance du secteur de la construction pourrait permettre de mieux répondre à la demande.
Pour les jeunes intéressés par l’immobilier et souhaitant se former dans ce secteur, il est essentiel de comprendre ces dynamiques. Les formations proposées par l’EFAB offrent une solide préparation pour évoluer dans un marché immobilier en pleine transformation.
Cet article a été rédigé par Florence Dujardin, étudiante EFAB en Mastère 1 Manager d’Actifs Immobiliers et publié dans l’Observatoire des tendances immobilières 2024