Le coliving, ou logement partagé de nouvelle génération, connaît un essor spectaculaire en France, notamment dans les grandes métropoles comme Paris, Lyon et Bordeaux. Cette tendance, qui répond à la pénurie de logements étudiants, se distingue par sa flexibilité et ses services tout inclus. Cependant, elle soulève des questions cruciales concernant son accessibilité financière et son encadrement juridique.
Le coliving est un concept qui combine logement privé et espaces partagés. Ce modèle séduit de plus en plus les étudiants, jeunes actifs et même les seniors, en raison de la flexibilité qu’il offre par rapport aux contrats de location traditionnels. Dans des villes comme Paris, où la demande de logement étudiant dépasse largement l’offre, le coliving représente une solution attrayante. En 2023, le nombre de chambres en coliving a explosé, passant de 2 600 en 2020 à 14 300, selon des données de Xerfi.
L’un des principaux atouts du coliving pour les étudiants est la flexibilité. Contrairement aux baux traditionnels, les propriétaires de logements en coliving sont souvent plus enclins à accepter des dossiers sans CDI et à ne pas exiger des revenus trois fois supérieurs au loyer. Cette souplesse est particulièrement appréciée par les étudiants, qui peuvent ainsi trouver plus facilement un logement étudiant adapté à leurs besoins.
En plus de la flexibilité, le coliving inclut des services tout compris : ménage, Internet, électricité, voire même des activités comme des cours de cuisine ou des dégustations de vins. Cela permet de réduire les tensions liées aux tâches ménagères, fréquentes dans les colocations classiques, et d’offrir une expérience de vie communautaire enrichissante. Par exemple, à Lyon, un étudiant paie 825 euros pour un studio de 15 m² dans une résidence de coliving, incluant tous les services, ce qui représente un prix supérieur à celui d’un studio traditionnel.
Malgré ses nombreux avantages, le coliving n’est pas sans défis. Le prix des loyers est souvent plus élevé que dans les locations classiques, ce qui peut limiter l’accès à ce type de logement pour les étudiants les plus précaires. De plus, le coliving échappe à l’encadrement des loyers, une situation qui inquiète certains élus locaux, craignant une inflation des prix si ce modèle se développe davantage.
D’autre part, le cadre juridique autour du coliving reste flou. Cette forme de logement se situe à mi-chemin entre la location traditionnelle et les résidences hôtelières, ce qui soulève des questions sur la sécurité des bâtiments et les normes applicables. Les résidences de coliving devraient être soumises à une régulation stricte pour garantir des conditions de logement sûres et équitables.
Le coliving peut offrir une alternative intéressante au logement étudiant traditionnel. Cependant, pour que cette solution soit viable et équitable, il est essentiel que les tarifs soient régulés et que les services inclus correspondent aux attentes des étudiants. En 2019, le loyer moyen d’un studio à Paris avoisinait les 880 euros par mois, un montant qui est souvent inabordable pour les étudiants. Le coliving, avec un loyer moyen de 750 euros pour une chambre dans un espace partagé, pourrait ainsi offrir une solution plus abordable.
Cependant, il est crucial de garantir que les tarifs restent accessibles et que les conditions de vie dans les espaces de coliving soient de qualité. Le développement du coliving doit être accompagné de mesures visant à protéger les populations les plus vulnérables et éviter une augmentation excessive des prix.
En conclusion, le coliving représente une solution innovante face à la crise du logement étudiant dans les grandes villes françaises. Il répond aux besoins d’un public jeune et dynamique, tout en offrant des avantages en termes de flexibilité et de services inclus. Toutefois, pour que ce modèle se développe de manière durable, un encadrement juridique et tarifaire est nécessaire afin de garantir son accessibilité à tous les étudiants, notamment ceux en situation précaire.
Le marché du coliving doit ainsi évoluer de manière responsable et régulée, en concertation avec les acteurs publics et privés, afin d’offrir une alternative crédible et équitable aux solutions de logement traditionnelles.
Cet article a été rédigé par Tom Tavan, étudiant EFAB en Mastère 1 Manager en Patrimoine Immobilier et Financier et publié dans l’Observatoire des tendances immobilières 2024